Des fouilles archéologiques préventives au Château

 

Un projet scientifique mené par l'INRAP

Conformément à la demande du Préfet de Région, des fouilles archéologiques préventives sont réalisées sur le site du Château de Pierre-Percée.

Ce projet de fouille constitue une occasion pour documenter l'intégralité des vestiges d'un site castral abandonné précocément. 

L'opération porte sur la totalité du château, ce qui peut permettre percevoir au mieux les évolutions en terme d'aménagements et d'occupation du lieu. En particulier, l'origine du site, le contexte topographique, la qualité et la fonction des constructions subsistantes seront abordés tant par l'étude méthodique des vestiges maçonnés, l'étude du mobilier archéologique que par une reprise en main du dossier documentaire.

Les résultats seront mis en perspective avec les autres sites voisins. 


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L’Institut national de recherches archéologiques préventives est un établissement public placé sous la tutelle des ministères de la Culture et de la Recherche. Il assure la détection et l’étude du patrimoine archéologique en amont des travaux d’aménagement du territoire. Il réalise chaque année quelque 1 800 diagnostics archéologiques et plus de 200 fouilles pour le compte des aménageurs privés et publics, en France métropolitaine et outre-mer. Ses missions s’étendent à l’analyse et à l’interprétation scientifiques des données de fouille ainsi qu’à la diffusion de la connaissance archéologique. Ses 2 200 agents, répartis dans 8 directions régionales et interrégionales, 42 centres de recherche et un siège à Paris, en font le plus grand opérateur de recherche archéologique européen.
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Plan général du château et des interventions archéologiques de l'Inrap

fouille plan

 

Les ruines du château de Pierre-Percée, classées au titre des Monuments Historiques, se dressent sur une crête rocheuse au nord du village. Les vestiges s’intègrent dans un paysage et un contexte géologique remarquables, qui suscitent une fréquentation importante du site. Le projet de rénovation du site de Pierre- Percée porté par la Communauté d’Agglomération, à des fins de présentation au public, a motivé la prescription d’une fouille archéologique. Menée par les archéologues de l’Inrap, elle a débuté en juillet et devrait se prolonger jusque fin octobre 2020.

L’objectif essentiel de l’opération consiste à localiser en plan et étudier les vestiges des murs encore visibles ou susceptibles d’apparaître pendant les travaux de restauration. La fouille de la tour ouest livrera des informations sur la fonction de la pièce basse mais aussi les modes de construction de l’édifice et le phasage des démolitions. Plus largement, l’intégralité du site castral est appréhendée. En particulier, l’origine du site, le contexte topographique, la qualité et la fonction des constructions subsistantes sont abordées tant par l’étude méthodique des vestiges maçonnés, l’étude des objets et éléments archéologiques mis au jour durant cette fouille ou lors d’anciennes opérations que par une reprise en main du dossier documentaire.

Un site très dégradé mais remarquable

L’apparence du site a considérablement évolué depuis l’abandon des constructions au XVIIe siècle. Les dessins réalisés en 1755 attestent que les édifices ont encore une certaine hauteur à cette date. La récupération quasi-systématique des matériaux de construction intervient surtout dans les décennies qui suivent. Enfin, les couches de démolition, qui cohabitent avec une végétation dense, sont en partie dégagées lors des fouilles menées par des enseignants du collège de Badonviller de 1972 à 1976. Au final, seule la tour ouest et un fragment du mur d’enceinte voisin conservent une élévation conséquente.

L’étude constitue un complément des analyses récentes (travaux de D. Dantand, G. Giuliato, C. Moulis, C. Corvisier), concernant aussi bien l’histoire du site que les modes de constructions et les usages des éléments bâtis connus.

Une place-forte conséquente

La première mention écrite du château date du milieu du XIIe siècle où il est présenté sous les noms de Langestein/Langenstein (signifiant « roche longue » en allemand) et Pierre-Percée. Ce dernier nom est traditionnellement associé au profond puits du château. Cette place-forte dépendante du comté de Salm était assez importante pour faire l’objet d’un blocus par l’évêque de Metz, Étienne de Bar, vers 1135. Dès la fin du XIIIe siècle, le site est occupé principalement par les serviteurs vassaux des comtes de Salm. Le château fait l’objet d’aménagements de qualité comme en témoignent les fragments de poêles monumentaux à décor raffiné datés de la fin du XVe - début du XVIe siècle.
Les registres de compte nous renseignent par ailleurs sur les travaux de renforcement de la défense du château à la fin du XVIe siècle. Ceux-ci ne se limitent pas à la plate-forme rocheuse car un pont-levis et une canonnière sont mentionnés dans la basse-cour.

Des escaliers régulièrement réaménagés

La fouille archéologique permet la mise au jour de nouvelles données et découvertes qui peuvent d’ores-et-déjà être présentées. Les deux escaliers en partie taillés dans la roche ont été observés archéologiquement. Malgré l’érosion naturelle conséquente du grès, il subsiste de nombreux aménagements ponctuels tels que des tableaux de porte, trous et encoches. Le principal escalier qui permet l’accès à la plate-forme rocheuse, associé en partie basse à un mur de clôture, accueille ainsi deux portes en pierre bloquées par des barres à des hauteurs différentes. La hauteur de ces éléments et les traces de retaille de la roche indiquent que l’escalier a été abaissé anciennement à au moins deux reprises.

Tours : sol évolutif et étude de graffitis

La retaille du rocher est également la preuve visible de l’abaissement du niveau de sol de la tour est, probablement à l’époque moderne. Deux portes et une fenêtre, pour lesquels la roche forme une partie de l’encadrement, ont été dégagés dans cet espace.
Les murs intérieurs de la tour ouest présentent plus de 90 graffitis. Ce sont les témoignages vivants du passage de visiteurs mais aussi de militaires qui y installent un poste d’observation pendant la première guerre mondiale. En effet, aucun ne semble correspondre à la période d’occupation du château. Les plus anciens, datables du XVIIIe siècle, sont largement usés et rendus illisibles par l’érosion naturelle du grès. Le recensement et l’analyse de ces éléments permettent d’affirmer que le sol de la tour, qui fait actuellement l’objet d’une fouille, a déjà été largement abaissé au cours du XXe siècle. Les éboulis de murs à l’emplacement de la basse-cour, jusqu’ici non cartographiés, semblent bien correspondre à leur représentation en dessin datée de 1755.

Le processus d’érosion et l’absence d’entretien présentent une menace considérable pour la conservation du site. Le projet de restauration des vestiges constitue donc un enjeu majeur. La fouille archéologique joue un rôle important dans cette rénovation car elle relie deux éléments clés : les vestiges et les textes qui racontent l’histoire du château, ce travail intègre un volet conséquent d’études documentaires. L’analyse archéologique permettra d’en apprendre davantage sur les origines et le fonctionnement de ce site remarquable. Elle guidera également certains choix de rénovation du château.